Quelques extraits de son second recueil de poésie, l’âge d’écume, paru en 1965 aux éditions Seghers, à Paris :
Le christ
c’est l’autre je l’attends
il a des yeux de verre
un bec de corbeau rouge et le passé pour plaire
un chagrin hiératique fait briller ses galets
il dit hier soleils vous étiez nés à un mirage de cheveux sombres
ce n’est pas là où je t’avais trouvée
des haleines ont poussé
une cascade en mal se drape des relets assidus de la fuite
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madone madone
il n’est jamais ressuscité!
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La toute petite fille est une bougainvillée
elle traîne des jardins sous sa robe écarlate
ici l’archimandrite est laid de confitures
il a des jambes imaginaires
et sent la couverture de voyage
le feu le pain le miel et le sable latent
il a plus de vingt ans leur dieu
il aime notre angoisse il s’y retrouve un peu
la toute petite fille est une bougainvillée
du pays où les oiseaux ont un chant d’église
profond comme les voûtes d’un monastère en cuivre martelé
la toute petite fille a un nouveau sourire
dans l’absence du port elle lâche ses abeilles
et ne voit rien des nuits
parce qu’elle en a peur
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Les colonnes des mers et les châteaux de boue
tiennent l’enfer au ciel jais
tu es terre
comme un bouquet de sel traduit par une fée
tu es terre
les verts seuls ont espoir
Ils ont le ton des univers
et l’amitié des lunes qui savent peut-être
tu es terre en charpie vers une autre matrice
vers un goudron latent
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Les nefs assises au ventre du mirage
transportaient immobiles l’insoutenable fusion vers le stagnant qui broute
défunts comme une vie les yeux jasmin ont cillé leur nom
des nécropoles ont abrité des regards
l’épervier d’astrazur élimera ses becs à nos rigidités peut-être
ou bien fera-t-il comme les autres?
je suis ta peur rivée au sort je fais le vide par moi en tous.
béante incongruité des êtres parallèles