Acustica de Kagel ou pourquoi ça nous a pris deux ans monter le premier show de Projet K

Projet K : de kossé?
Le 3 octobre prochain, au Café l’Artère, se tiendra un évènement très particulier. Ce sera l’occasion d’assister à la naissance d’un projet de longue haleine porté par une bande d’artistes multidisciplinaires mi-fous, mi-visionnaires, pendant plus de deux ans. En effet, nous nous sommes d’abord rassemblés parce que nous avions en commun

  • une grave envie de faire de géniales explorations musicales ensemble
  • un même besoin d’explorer les frontières entre la musique et d’autres formes d’art, en particulier le théâtre
  • l’idée naïve de jouer, en première nord-américain, l’œuvre colossale de Mauricio Kagel intitulée Acustica (1968-1970), pilier d’une jeune tradition de « musique théâtrale » ou « théâtre composé »

Nous avons donc commencé par répondre à ces impératifs en organisant de nombreuses séances d’improvisations, dirigées ou non, de quelques minutes ou de quelques jours, où nous avons appris à définir un peu qui nous avions le goût d’être.

Puis de discussions en projets personnels, nous en sommes finalement venus à choisir les premiers défis auxquels nous nous attaquerions. Au menu, reprises de classiques, de pièces récentes et créations. Et au menu du premier évènement, prendre le taureau par les cornes : créer Acustica à Montréal.

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Photo: Jonathan Goulet

 Acustica : de kossé?
Acustica, ce sont 127 fiches telles que celles-ci :

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Ces fiches, ce sont autant de manières de jouer d’environ 50 instruments. Ces « machins qui font du son » sont autant d’objets que nous avons à réalisés à partir d’éléments commandés à l’autre bout du monde, gossés à partir de pièces trouvées dans des cours à scrap ou sous nos lits de chambres d’ados, voire même de quelques instruments de musique traditionnels. On y retrouve, par exemple, un lecteur vinyle qui doit être joué avec un scalpel, des bottins de téléphone joués avec des ventilateurs de table, une porte de bruiteur avec loquet/serrures/poignées miniatures et autres claviers de sonnettes de vélo.

Défi #1 – Réaliser les différents objets à partir de descriptions aussi précises que celle-ci :
« Nail Violin : Vibrating iron rods of the same thickness, but different lengths, mounted on a round box-resonator, with a sound-hole in the middle of the upper surface. When bowed with cello or double bass bows, sounds like harmonics result. The score calls for a sound producer with 16 rods, 5,1 – 42 cm high (…), 6 mm. Thick; the box-resonator 8 cm high, 40 cm in diameter, the sound-hole 8 cm in diameter »

ou trouver des alternatives à un jouet pour enfant de l’Allemagne des années 60’ aujourd’hui introuvable :
« Toy trombone : This is a toy instrument, about 35 cm. In length, with 8 chambers from a diatonic harmonica built into the slide. The bell of the instrument is purely decorative, since each movement of the slipe opens up another chamber, which produces the appropriate note. »

Défi #2 – Apprendre à jouer avec raffinement de tous ces instruments. Des heures de plaisir pour apprendre à jouer avec délicatesse du ballon de baudruche géant ou de l’auto téléguidée.

Défi #3 – Réaliser Acustica, une œuvre devant durer entre 45 et 75 minutes, et qui est avant tout une situation : cinq interprètes, 50 instruments, environ une heure, une immense boîte à outils d’évènements sonores. Nous avons le droit d’utiliser autant de fiches (sur les 127) que nous voulons. Dans l’ordre que nous le voulons. Avec la densité que nous voulons. L’enjeu majeur : dépasser rapidement le côté « caverne d’Ali Baba » afin d’emmener l’auditeur dans un monde raffiné où les combinaisons d’objets les plus saugrenues peuvent mener à des expériences sensorielles et poétiques d’une grande profondeur. Enjeu majeur: bâtir un paysage sonore inusité et riche à la mesure du potentiel de la partition.

Et en prime… Intranquillités IIb : de kossé?
En première partie de cette œuvre, nous reprendrons Intranquillités IIb : Viitasaari, pour harpe (ou instrument alternatif à cordes pincées), voix, composition en temps direct, et chariot qui avait été créé en 2013 au festival « Time of Music » de Viitasaari (Finlande). Voici quelques extraits de la version « Projet K » (merci à Fanny Boucher pour la captation et le montage!) :

Pour les infos à propos du concert, voir la page Facebook de l’évènement.

Le concert mettra en vedette les membres de Projet K :
Jean-François Casaubon
Symon Henry
Émilie Sigouin
Charles-Philippe Tremblay-Bégin
Benjamin Tremblay-Carpentier

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Publié par Symon Henry

Læ Symon Henry est un animal aquatique nocturne s’ébaubissant au contact des pensées complexes, des réalités fluides et des genres incertains. Ielle se transdisciplinarise principalement de musiques de concert, d’arts visuels et de poésies. Son recueil L’amour des oiseaux moches (2020, Omri) a été finaliste aux Prix littéraires du Gouverneur Général ainsi qu’au Prix Émile-Nelligan et porté sur scène, avec sa musique et ses visuels, par l’Ensemble contemporain de Montréal (ECM+).

3 commentaires sur « Acustica de Kagel ou pourquoi ça nous a pris deux ans monter le premier show de Projet K »

  1. Ça m’a l’air super génial comme projet fou !!! Je ne pourrai pas être là mais si vous faites un enregistrement vidéo/audio ça me fera plaisir d’en faire l’écoute !!! Bonne chance ! Pascale

    Date: Sat, 27 Sep 2014 21:56:01 +0000 To: pascalecamirand@hotmail.com

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