C’est avec pas peu de fierté que je vous partage quelques extraits de mon micro-opéra Conversation à la montagne, sur un texte de Paul Celan. Il est le fruit de deux ans de collaboration avec Maude Côté Gendron, Émilie Sigouin, Émilie Girard-Charest et Florence Blain. On travaille fort pour le re-présenter dans un avenir rapproché… propositions bienvenues!
CONVERSATION À LA MONTAGNE
avec
Maude Côté-Gendron (voix)
Émilie Girard-Charest (violoncelle)
et Émilie Sigouin (récitante)
Texte de Paul Celan
Projet de création de Symon Henry
Assistance scénique de Florence Blain Mbaye
Éclairages de Juan Mateo Gonzalez
Présenté à l’ESPACE CERCLE CARRÉ le samedi 7 mai 2016
Conversation à la montagne : deux compères se rencontrent lors d’une ballade en montagne, sortes de Sol et Gobelet qui s’ignorent, pressés de philosopher, de réinventer le monde de fou duquel ils ont émergé. Un violoncelle, une voix qui chante en allemand et une voix qui parle en français récitent le même texte, simultanément, quelque part entre un concert de musique classique en suspension et une performance de théâtre corporel qui cherche désespérément à parler.
« – J’ai couché sur la pierre, autrefois, tu n’es sans le savoir, – sur la pierre et la dalle ; à mes côtés eux ont couché, les autres : eux étaient comme moi, les autres, les autres autres que moi et mêmes, lignage, ô, eux se couchaient là, eux s’endormaient, et sans s’endormir (…) – à toi je ne le cache point, je ne les aimais, eux qui ne savaient m’aimer, j’aimais la chandelle, brûlant là-bas, au coin senestre, je l’aimais, elle, à brûler à sa perte, pas qu’elle brûle à s’effacer, elle était sa chandelle, celle que lui, le père à nos mères, avait allumées – et qu’au soir s’attachait un jour, défini, un jour, lui le septième, pas le dernier, j’aimais, lignage, aimais, non pas cela, j’aimais ce brûler à sa fin, sache-le, toi, je n’ai plus rien aimé depuis »
L’extrait donne envie d’en voir plus ! Mais quel est le concept du micro-opera ? S’agit-il d’un opéra de format plus court ?
Heureux que cet extrait vous interpelle! J’espère vraiment pouvoir le représenter dans un avenir rapproché : c’était un projet vraiment fascinant à travailler avec les musiciennes. Le concept consistait à travailler avec trois versions simultanées d’un texte de Paul Celan, soit la version originale allemande, une magnifique traduction française réalisée par François Turner, et une autre exclusivement sonore au violoncelle. Il s’agissait effectivement d’un micro-opéra de quelque vingt minutes avec uniquement trois interprètes, d’où le qualificatif de « micro ».