Mâ’lesh I — leurs étreintes bouleverseraient la mer
Créé le 23 mars 2018 par Joseph Petric et Lynn Kuo, à qui cette œuvre est dédiée
Commande de la SMCQ
[english follows]
Note de programme
« Faisons la paix des corps entravés. »
Anne-Marie Alonzo
Cette pièce est une danse fougueuse, intense et sensible composée en hommage au tango d’Astor Piazzolla. Ses rythmes si typiques n’y sont pas, ses harmonies non plus : ils laissent plutôt leur place à un écho métamorphosé de cette musique. En effet, le tango trouve ses origines dans les bas-fonds de Buenos Aires, dans des imitations très approximatives et en métissages de danses autant latines, africaines, qu’européennes. Des pas maladroits entre hommes mélangeant fierté et orgueil, peine et nostalgie, séduction et désir. La présente pièce voudrait être chantée et dansée dans le même esprit.
Mâ’lesh I – leurs étreintes bouleverseraient la mer est aussi une danse « des corps entravés », à l’image de celui de l’auteure québéco-égyptienne Anne-Marie Alonzo, dont les mots ont donné vie à l’amour passionnel entre des personnages féminins sublimes et quasi mythologiques, teintés par un imaginaire nourri autant par Gerry Boulet que par Oum Kalthoum, tout comme le mien.
Mâlesh, finalement, est un égyptianisme emblématique de la culture de ce pays. Sa signification est un croisement entre « ce n’est pas grave ! », « désolé ! » et « c’est la vie ! ». Un mélange d’humour, de compassion et de fatalité qui résonne tout à fait avec l’esprit que j’ai voulu insuffler à cette pièce.
Quelques vers, aussi, complémentaires à cette pièce et écrits en parallèle :
mâ’lesh, eunuque que j’aime
louve et djinn
djinn et vieux clown
autrefois danseuses étoiles
leurs étreintes bouleverseraient la mer
leur sang de migrance
s’offrirait une tige de belladone aux plus sourdes blessures
leurs poitrines s’entredanceraient s’éreinteraient
entre louve soulevant djinn et
la chevelure douce frôlant le stucco rouge
du clou au sol
debout, un respir grand comme
néanmoins quelques épines et la goutte de sang s’amenuisent du front de louve
le vieux clown ouvre sa chemise
et prie la profonde noirceur clairvoyante des carmélites
un rire-lueur en diadème
la vulve flamboyante
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Mâ’lesh I – leurs étreintes bouleverseraient la mer
(Mâ’lesh I–their embraces would bewilder the sea)
Premiered on Mars 23, 2018 by Joseph Petric and Lynn Kuo to whom this piece is dedicated
Commissioned by the SMCQ
Program note
« Faisons la paix des corps entravés. »
Anne-Marie Alonzo
[Let’s make peace of the hindered bodies —transl. S. Henry]
This piece is a fiery, intense and sensitive dance composed in tribute to the tango of Astor Piazzolla. Its typical rhythms are not there, its harmonies either, leaving only a rather metamorphosed echo of this music to be heard. Indeed, the tango originates in the slums of Buenos Aires, in very approximate imitations and cross-breeding of dances as much Latin, African as European. Clumsy steps between men mixing pride and smugness, sorrow and nostalgia, seduction and desire. This piece is meant to be sung and danced in the same spirit.
Mâlesh I—their embraces would bewilder the sea is also a dance between “hindered bodies,” inspired by the writings of the Québec-Egyptian author Anne-Marie Alonzo, whose words have given life to the passionate love between sublime and quasi-mythological female characters, tinted by an imaginary fed by Gerry Boulet as well as by Oum Kalthoum, just like mine.
Mâ’lesh, finally, is an Egyptianism emblematic of the culture of this country. Its meaning is a cross between “it doesn’t matter! » “sorry!” and “this is life! » A mixture of humour, compassion and fatality that resonates with the spirit I wanted to instill in this piece.
Some verses, complementary to this music, written in parallel:
mâ’lesh, eunuch my love
wolf and djinn
djinn and old clown
formerly star dancers
their embraces would bewilder the sea
their migratory-blood
would offer a stalk of belladonna to the deafest wounds
their breasts would dance and frazzle themselves
between wolf giving rise to djinn and
the soft hair brushing against the red stucco
from the nail to the ground
standing, a breath as tall as
nevertheless some thorns and the drop of blood diminish from wolf’s forehead
the old clown opens his shirt
and prays the deep clairvoyant blackness of the Carmelites
a laughter-glow as diadem
its flamboyant vulva