9 septembre, Centre Pierre-Péladeau (salle Pierre-Mercure), 19 h 30
Billetterie : https://bit.ly/3lKKGJc
*à cause des restrictions de voyage vers le Canada en provenance de l’Europe, nous avons dû annuler la représentation du 8 septembre et l’intrépide Matti Pulkki prendra la relève de Snežana Nešić à l’accordéon
Nouvelles oeuvres de :
Myriam Boucher / Symon Henry / Snežana Nešić / Annesley Black
ECM+, 9 musiciens dirigés par Véronique Lacroix
Solistes :
Sarah Albu, art vocal
Émilie Girard-Charest, violoncelle et scie musicale
Matti Pulkki, accordéon
Lucie Vigneault, danse
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L’amour des oiseaux moches
partition graphique vidéo et texte de Symon Henry
(25 min ; voix, scie musicale, accordéon et orchestre de chambre, 2020)
Composé pour l’Ensemble contemporain de Montréal (ECM+), dirigé par Véronique Lacroix
Avec le soutien financier de l’ECM+ et de la Fondation Socan
Il y a des mémoires pour creuser les mots sans souiller les tombes. Je ne peux tutoyer personne. Il n’y a pas d’altérité, seulement une alternance dans l’apparence. J’ai besoin de souplesse et de tension. Il ne faut pas qu’Albuquerque explose dans ma tête.
Nicole Brossard, Le Désert mauve
Je dessine le son. Pour qu’il puisse être interprété par des musicien·nes en concert, mais aussi pour qu’il puisse être entendu par tout un chacun, dans l’intimité de son écoute intérieure. En effet, je ne compose qu’avec des fusains, de l’encre ou des pastels en main, quelques règles simples en tête : un trait foncé correspond à un son fort, pâle à un son plus doux ; en haut de page il est aigu, plus bas il est grave ; chaque couleur correspond à un instrument ou groupe d’instrument, etc.
L’amour des oiseaux moches correspond à l’aboutissement d’une décennie de démarche de ce type. Jusqu’à ce jour, je n’avais encore jamais mis en partition graphique mes propres textes. Or les démarches qu’on dit « individuelles » sont toujours, à mes yeux, le produit d’une communauté et c’est donc sous l’impulsion de Véronique Lacroix, directrice musicale, artistique et chef d’orchestre de l’Ensemble contemporain de Montréal (ECM+), et avec le support immense et bienveillant de mes proches, que j’ai trouvé le courage d’assumer l’étendue des possibles de ma propre transdisciplinarité. Et par le fait même de ma propre identité — métisse égypto-québécoise, queer, amoureuse du bruit du monde :
nous sommes khawal — tapettes
freaks
guédailles
importé·es
ibn·bint il-labwa — fils·filles de lionnes
nous glorifions les fauves en nos tripes
visibles
nous rayonnons
L’amour des oiseaux moches a aussi fait l’objet d’une publication sous forme de recueil de poésie et de tableaux sonores aux éditions Omri, sous la direction de sa formidable éditrice, Charlotte Francœur.
Personnages :
Vieux clown, corps-mémoire
Nour d’Outre-rêve, corps-aspiration
Louve que j’aime, corps-continent
Djinn l’éphémère, corps-emportement
Mot-personnage : Mâ’lesh
« Mâ’lesh est un égyptianisme […]. On peut traduire l’expression par “ce n’est pas grave !”, “ça ne fait rien !” […] Une personne bute sur une pierre ou dans un trou du trottoir, quelqu’un vient la soutenir en lui disant mâ’lesh : entraide, solidarité humaine sans médiation autre que la marque d’une sympathie, exactement d’une empathie, directe ; mâ’lesh permet à l’autre… qui passe… de se mettre à la portée de celui qui est en difficulté.
Un enfant tombe, se fait réellement mal, un mâ’leshi infantilisé vient reconnaître la souffrance et la soulager, la porter avec l’enfant. »
– Irène Fenoglio
L’amour des oiseaux moches
[The love of unsightly birds]
Composed for the Ensemble contemporain de Montréal (ECM+)
conducted by Véronique Lacroix
With the financial support of ECM+ and the Socan Foundation
Program note
There are memories for digging into words without defiling graves. I cannot get close to any you. There is no otherness, only alternation in appearance. I need flexibility and tension. Albuquerque must not explode in my head.
– Nicole Brossard, Le Désert mauve
(Trans. Susanne de Lotbinière-Harwood)
I draw sound. So that it can be interpreted by musicians in concert, but also so that it can be heard by everyone, in the privacy of their inner listening. Indeed, I compose only with charcoals, ink or pastels in hand, a few simple rules in mind: a darker element corresponds to a loud sound, paler to a softer one; at the top of the page it is high-pitched, lower is lower-pitched; each colour corresponds to an instrument or group of instruments, etc.
L’amour des oiseaux moches is the culmination of a decade of this type of approach. Until now, I have never put my own texts in graphic scores. Besides, the approaches that we call “individual” are always, in my eyes, the product of a community and it is therefore under the impulse of Véronique Lacroix, musical, artistic director and conductor of the Ensemble contemporain de Montréal (ECM+), and with the immense and benevolent support of my loved ones, that I found the courage to assume the extent of the possibilities of my own transdisciplinarity. And thereby of my own identity—a mixed-race Egyptian-Quebecer, queer, in love with the noise of the world:
we are khawal—faggots
freaks
tarts
imported
ibn·bint il-labwa—sons·daughters of lionesses
we glorify wild beasts in our guts
visible
we shine forth
L’amour des oiseaux moches has also been the subject of a publication in the form of a collection of poetry and sound paintings published by Omri editions, under the direction of its formidable editor, Charlotte Francœur.
Characters:
Old clown, memory-body
Nour from beyond-dream, aspiration-body
She-wolf I love, continent-body
Djinn the ephemeral, rapture-body
“word” character: Mâ’lesh
“Mâ’lesh is an Egyptianism […]. We can translate the expression by ‘it doesn’t matter!’ […] A person stumbles on a stone or in a sidewalk hole, someone comes to support them by saying mâ’lesh: mutual aid, human solidarity without mediation other than the mark of sympathy, exactly of empathy, direct; mâ’lesh allows the other … who passes … to be within reach of the one in difficulty.
A child falls, is really hurt, an infantilized mâ’leshi comes to recognize the suffering and relieve it, to carry it with the child.”
—Irene Fenoglio (trans. Symon Henry)